mardi 11 octobre 2011

Ateliers d'ecriture Tôtout'Arts sur Chemin faisant...

Anne Rapp, animatrice des ateliers d’écriture de l'association villeneuvoise Tôtout'Arts s'est associée en mai dernier à Air Libre pour des séances en plein air sur le sentier art et environnement de la Plaine de l'Abbaye Chemin faisant. Elle s'y est rendue avec un groupe d'écrivains en herbe passionnés faisant preuve d'une grande imagination et d'une très belle plume! Merci à eux, nous renouvellerons l'expérience, c'est certain.

Voici les textes, inspirés des installations de Thierry Godet "L'attrape soleil" et de Yoann Crépin "le nuage de roseaux"




Atelier d'écritures et Land'Art

14 mai 2011

Le long du canal de la plaine de l'Abbaye, sur le parcours de Land' Art...

Devant moi, une porte en éventail. Telle un paon qui fait la roue, c'est une invitation au voyage. La légèreté des plumeaux de bambous aériens me transporte et je m'évade vers les pays du Soleil levant... forêts tropicales, mers aux lagons turquoise, rizières... Je dois être en Indonésie...

Ici tout est calme et beauté.

Je suis dans les jardins d'un temple. L'entrée de celui-ci est gardée par des dragons bienveillants. A l'intérieur, un bouddha doré me lance une oeillade et m'invite à la méditation. L'air est chargé de parfums d'encens envoûtants. Je m'assois en position de yogi et, fixant les yeux d'émeraude de l'énorme statue, je me laisse emporter dans une forme d'hypnose. Mes muscles se relâchent, mes tensions s'apaisent, ma respiration se ralentit.

Très vite, je suis envahie par une sensation de bien-être comme je n'en ai pas connu depuis des lustres.

Me voici au pays de la sérénité...

J'ai passé la porte sur le côté. Là une sorte d'autel a été érigé. C'est un foisonnement de fleurs sauvages, feuillages, bouts de bois, cailloux posés là comme autant d'offrandes.

Bien que modeste par la nature de ses matériaux, la composition révèle une grande finesse.

Cette création éphémère semble une ode à la vie. Soudain une grande tendresse m'envahit et me submerge...

Des mobiles de bambou suspendus sur trois filins tendus entre les arbres frémissent au souffle de l'air. L'atmosphère est zen.

Ils m'évoquent des sampans... Encore l'Asie...

Avec leurs plumets tournés vers la droite, ils semblent indiquer la direction à prendre, le chemin à suivre;

Ingénieusement fabriqués, ils oscillent comme des balanciers. Peut-être symbolisent-ils le bien/le mal, la vie/la mort, le passé/le futur...

Mais voici l'heure de partir, de m'en retourner à la réalité après ce voyage imaginaire...

Anne Rausch

Imaginaire : « derrière la porte, le passage … »

Devant moi, une porte …

une porte à claire-voie ouverte sur un univers inconnu, une porte vers un rêve inaccessible jusqu’alors, où je vais retrouver tous les êtres qui ont construit ma vie.

Peut-on imaginer suspendre le temps et rassembler en une fois, une seule, ceux qui sont partis pour toujours, ceux qui se sont simplement éloignés, ceux dont on ‘est séparé par les hasards heureux ou non de la vie, ceux avec lesquels on a perdu tout contact ?

Derrière cette porte à claire-voie que j’hésite à franchir, je sais que je vais retrouver ceux qui me manquent. Je revois les jours heureux, les fêtes, les retrouvailles, parfois les au-revoir, les parents, les amis.

Avant de franchir la porte à claire-voie mes souvenirs s’emballent ; j’ignore s’ils seront tous là et même s’ils m’attendent.

La porte à claire-voie n’est pas très grande, j’aperçois seulement un grand espace clair ; j’hésite à franchir le seuil, partagée entre l’appréhension et l’envie de découvrir cet univers inconnu. Je me penche, la porte est basse, j’avance, rêve éveillé.

J’ai passé la porte, je les vois. Ils sont là dans un foisonnement de tendresse, rassemblés dans ce lieu irréel et je m’avance au milieu d’eux qui me regardent comme s’ils m’avaient attendue.

Du même geste, ils m’entraînent vers un espace où ils ont déposé, çà et là, des bouquets de fleurs naturelles, compositions toutes en finesse, modestes ou chatoyantes qui leur ressemblent ; un grand arbre érigé comme un dôme protège leur bonheur.

J’emporte avec moi des brindilles, quelques feuilles, souvenirs irréels de ce rêve éveillé.

Je continue mon chemin, laissant derrière moi les êtres chers dont le souvenir s’est ravivé j’ai retrouvé leurs regards, leur tendresse, leur amour, leur amitié.

Devant moi, l’espace s’élargit, se transforme en jardin tranquille et luxuriant, arbres et roseaux mêlés, au milieu desquels onze sculptures légères se balancent au gré de la brise.

Onze, comme les onze souvenirs que je viens de retrouver.

J’aperçois, derrière les arbres, le chemin qui mène à la porte à claire-voie ; je me penche pour passer la porte.

Hélène Aubert

Qui a mis cette porte?je la regarde, je m'approche, la touche.

Cette porte donne t'elle accès a la liberté, aux rêves, un nouveau chemin que je ne connais pas? Mystère.

D'habitude je termine mon footing ici haletant transpirant épuisé.

Je décide d'aller voir de l'autre côté. Petites baskets menez moi vers ?

Ici, enfin si je ne me suis pas perdu, je suis venu courir, marcher la nuit le jour.

Seul ou avec des amis.

Parfois avec des amours; on s'arrêtait sur le banc. Que vais-je découvrir?

Hier soir j'étais a un concert de ANGE. Je suis encore dans l'univers musical?

Cette porte est transparente, ce n est pas un rideau que je tire sur le passé.

On y va lentement; écoute les oiseaux qui te parlent ; regardes les arbres, les fleurs.

Non il n y a pas que le bout de tes baskets.

Au loin une coureuse, quelle foulée, quelle élégance. Elle vient a ma rencontre.

Redresses toi. Souple. Quelle est belle!

On se croise, un signe de la main. Et pourtant je continue mon chemin en solitaire.

Peut-être vais-je la rencontrer au sommet dune montagne?

Devant moi une porte!!

Dans tout voyage, toute conquête d'un sommet, le plus dure est de partir.

Boum boum mon cœur bat la chamade. Change de rythme,lentement.

Un banc! non tu ne vas pas t'asseoir déjà. Oh! Regardes, dessus une œuvre pleine de finesse.

Un message, une feuille blanche. Un crayon est là pour répondre,,,

Je lis le message plein de tendresse. A côté un oiseau a érigé un nid douillet; modeste.

Ici un petit tableau, une composition. Un endroit de prière pour les voyageurs.

Pas besoin de musique, les oiseaux sont là, le silence aussi, l'eau qui coule doucement.

Chemin ou me mènes tu?

Là-bas avance un groupe; une équipe féminine. Onze. C'est certainement les gazelles.

Elles ont toutes la même tenue, même allure, toutes alignées, même foulée.

Elles courent sur une piste invisible. Aucune ne se démarque des autres; et pourtant elles sont belles, élégantes, sportives.

D'un seul coup le vent se lève. La foulée de ces dames devient moins élégante.

Petit a petit une se laisse lâcher. Ce n est pas qu'elle est fatiguée. Non, elle ne veut plus suivre les autres.

Parmi le groupe je ne l'avais pas distingué et pourtant elle est différente.

Les cheveux pétards, un petit ange tatoué à sa cheville.

Doucement comment lui parler?

Je suis a côté d'elle, petit cœur ne prend pas peur...

Comment lui parler? Je peux rester un moment dans votre foulée? Combien de temps a duré mon voyage? Désormais j'ai décidé de courir dans la foulée du hasard, que de découvertes...

Christian Pellier

Devant moi une porte.

Comme un filtre mystérieux et palpable, tissé de cannes de Provence et de bout de ficelle.

Une construction fragile sortie du délire d’une bande d’oiseaux malicieux.

Une invitation au passage vers l’irréel.

Les trottineurs l’évitent, et pourtant, s’ils savaient.

S’ils osaient en franchir le seuil

Ils s’ouvriraient à l’éventail des possibles

Vers l’imagination de quatre’ sous et la création de bric à brac

Vers la fabrication des rêves et la magie des brindilles

Vers l’au-delà des artistes et les chefs d’œuvres de trois fois rien

Vers le tout est possible de l’humain et de la nature

Tout simplement

Vers l’harmonie.

J’ai passé la porte du jardin des arts modestes.

Je n’ai pas couru sur le chemin des essoufflés.

Je voulais trouver la respiration des saisons.

Je n’ai pas pédalé à perdre haleine.

Je voulais juste un peu ébouriffer les herbes folles et entendre crisser les petits cailloux sous mes pas.

Je marchais si lentement que les oiseaux peu farouches ont accompagnés mes pas dans un foisonnement de couleurs.

Le coassement des grenouilles m’a guidé jusque sur les berges du canal.

Là m’attendait la rencontre inattendue et tendre avec de si délicates compositions que j’imaginais quelques elfes les ayant érigées cette nuit.

J’étais aussi émue que devant un chef-d’œuvre de Michel Ange.

J’étais bien au rendez-vous de la beauté.

Mais je ne savais pas que j’allais vers une autre découverte : soudain, j’ai débouché dans la clairière du mystère et de l’interrogation.

Un lieu qui semble vouloir nous guider vers un ailleurs d’évidence, un lieu qui veut nous dire : ‘’c’est la bonne voie !’’

Directions frémissantes qui acceptent toutes les hésitations.

Mobiles immobiles ou frissonnants qui attendent le vent pour tourbillonner et résister.

Le chamane n’est peut-être pas loin.

Elisabeth Gonnet

Devant moi, une porte!!!

Elle a la forme d'un éventail, d'un hérisson, elle est en roseaux et attire la curiosité – c'est un passage.

Oui, mais après cette porte, qu'y a-t-il?

Je vais le découvrir. Elle n'est pas fermée, c'est juste un trou profond, étroit, je dois me baisser pour passer de l'autre côté. Ça y est, j'ai franchi l'obstacle. Je me relève et avance. C'est obscur d'abord, mais à mesure cela s'éclaire. Je vois l'horizon. Il y a au loin une montagne devant une forêt et un chemin à suivre. C'est ce que je fais et à mesure, je découvre des silhouettes qui deviennent plus précises.

Ce sont des êtres connus, de ma famille, avec des gestes qui me rappellent des souvenirs très anciens, mais un univers agréable, avec de la musique et des chants d'oiseaux.

Je souris. Mais où suis-je? Je ne sais pas. Je marche encore.

A un moment, je ne comprend pas. Je me réveille, c'était un rêve.

J'ai passé la porte une deuxième fois. Cette fois-ci c'est vrai, j'ai trouvé un univers possible avec des bouquets érigés, plein de finesse, des compositions de plantes, de fleurs, feuilles, bois, parfois modeste, plein de tendresse, posées sur des pierres ou à même le sol. Ce foisonnement très naturel m'amène à apprécier ce site où il fait bon passer un moment.

Je l'indiquerai à mes amis.

Je continue ma promenade encore, je passe une troisième porte. J'arrive à un lieu magique, où se balancent des suspensions, en panache, des mobiles en roseaux qui bougent avec la brise, de petites balançoires en forme de fenêtres où sont placés des glands.

C'est un endroit très spécial où l'imagination fera son chemin, où chacun trouvera l'apaisement avec la nature environnante.

J'ignore le nom de ce lieu, on peut l'appeler « Havre de Paix ».

Cette fois-ci, je m'arrête de penser.

Jacqueline Perez

Devant moi, une porte … minuscule sous un porche fait de jaillissements de roseaux.

Derrière, j'imagine des rivières, des chemins, des villages entiers de lutins, d'elfes, d'êtres magiques du petit peuple.

Je m'y rêve des maisons végétales, habitant discrètement le paysage, invisibles aux yeux pressés; des maisons faites de formes frêles et folles, grimpantes comme des herbes, mouvantes comme des branches, toutes en courbes et en rondeurs.

Je m'y songe une vie magique, grouillante de petits vivants étonnants, colorés, mais presque transparents aux regards incrédules. Ils sont partout, vacant à des tâches impensables pour nous les humains, se réunissant autour de longues tables, festoyant, recréant le reste du temps la beauté de la nature, décorant les fleurs de parures de couleurs, plaçant ça et là des bouts de bois dans les herbes, pour faire ressortir la fascination de leurs formes, accrochant au ciel des guirlandes de feuilles, parcourant leur monde avec des mains d'artistes.

J'ai passé la porte.

Flottement...

Mes yeux s'habituent au rêve réalisé. Le monde que j'ai appréhendé grouille sous mes yeux d'un naturel surnaturel.

Un petit être de tendresse, soudain, tout de finesse végétale brodé, me prend très délicatement par la main.

Il me chante tout doucement à l'oreille, de glaner des étonnements boisés, caillouteux ou fleuris. Puis il détale devant moi pour me guider dans une sphère luxuriante.

De pas en pas, mes mains s'emplissent : de feuilles tombées ça et là, de bois lisses, de mousses légères, de fleurs éphémères, de cailloux ronds.

Au bout d'une marche attentive, il s'arrête et me montre un petit rond de terre un peu herbeux. J'y dépose mes merveilles, qui s'harmonisent comme une composition.

Alors l'elfe fluet m'entraîne à quelques pas de là. Et tout à coup, je découvre un foisonnement d'offrandes végétales, d'autels fleuris et boisés, d'harmonies déposées avec bonheur devant le regard.

Ma petite composition, érigée sans savoir, me semble si modeste alors …

Et pourtant, je me sens à présent comme bienvenue dans le monde du petit peuple du sentier, au-delà de la porte du soleil.

C'est à ce moment là que je réalise que je suis entourée d'une foultitude d'êtres similaires. Un bruissement doux accompagne leurs paroles. L'un d'eux s'isole et me fait signe.

Je m'approche. Il se retourne et part lentement. Intriguée, je le suis.

Il s'engage sous une treille de branches voutées. Je me baisse. J'avance avec lenteur, les sens enivrés de parfums feuillus et étranges.

Au bout de ce couloir branchu, je me relève. Fulgurance. Apnée. Étonnement bienheureux bouche bée.

Mes yeux se sont posés sur la danse légère de douces ailes végétales. Suspension du temps - l'air vibre doucement - une paix aérienne irise tout mon corps.

Je me dépose dans l'herbe.

Entre le ciel et moi, un ballet duveteux me grise avec une lenteur exquise.

Bien être moelleux.

Berceuse...

Je m'évapore … je m'apaise voluptueusement dans un sommeil ensoleillé.

« Dors ... » me susurre une voix de cristal pur.

Lorsque je me réveille, dehors, la nuit danse.

Je ne pense pas. Je m'étonne...

Mon lit est toujours à sa place.

Anne Rapp